dimanche 19 juin 2011

Café culturel - La vie religieuse aujourd'hui

Être prophète c'est avoir la parole dans l'image.
Être sage, c'est voir l'idée dans la parole
Armand Abécassis
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Au terme du volume II de "Mémoires à l'ultraviolet", je suis hanté par la question de la vie religieuse dans le monde d'aujourd'hui. Quelle est sa pertinence ? À quels besoins peut-elle ou devrait-elle  répondre ? Quelles formes doit-elle prendre ou abandonner ? Les frères éducateurs d'aujourd'hui, ceux qui ont vécu "intra muros" la débacle de la fin du XXe siècle, dépossédés de leur mission apostolique institutionnelle, parviennent-ils à "recyc ler" leur vie religieuse, à lui redonner un sens porteur pour eux-mnêmes et pour le milieu dans lequel ils vivent ?

Ces questions, je les ai posées à tout venant. Aujourd'hui, Brother Marcel S. C. y répond en neuf point bien ciselés qui font ressortir le caractère prophétique de la vie religieuse. Vos commentaires ou vos propres réflexions sur le sujet apporteront de l'eau au moulin de notre Café culturel "extra muros" Bonne lecture.

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Cher ami Florian,
      I will attach to this email a document I wrote recently on the Refoundation of Religious Life: Refoundation II.
I have another document I will send to you when I get home: "My Fix on the Religious Life of the Future" or something like that.      For now, I'll give a few thoughts on the question you presented.
1. Vat. II was the big bang of our times, a first response to the paradigm shift we are experiencing.  It made Religious Life aware of and issued a call to Religious to renew so as to be relevant to modern people.
2. The difficulty of responding to this was that the Church had taught for centuries that truth never changes and condemned modernism as a grave error.  Add to this the tendency of church leaders to "restore" the Church to pre-Vatican forms and ways, any kind of re-envisioning of religious life is extremely difficult.
3. Somewhere around Vatican II, we Brothers moved from a quasi monastic spirituality to an apostolic spirituality and even more into the evolution of spirituality for our times.
4. New concepts emerged from Vat. II.  The vows: poverty is seen now as availability; chastity, as loving relationships; obedience, as the listening of the community (all Christians) to the working of the Spirit.  God: a new concept of God and creation emerged, the result of a new consciousness of life and revelation.  The way of creation is now seen as the primary revelation, God being at the heart of creation and of the universe.  Relationships: We seem to realize more and more that Jesus was concerned with relationships, with awareness and how God's grace is a gift to everyone, to all of creation.  Everyone and all things are the subject of God's love and that his call is to freedom for all, to life in its fullness.
5.  The sense of Religious Life before Coindre, during his time and after, was fixed by Church law or Church leadership, but it was the context of a "work force" which constituted the response to the dream and vision of the founders.  The vision of the founders was very prophetic in that it gave rise to a response to an urgent need, to the dehumanized condition of peoples and areas of the world.  Work force and institution was necessary to give form and stability to the founder's response, but it is not of the essence of religious life.  Religious life is a prophetic life form, and like Jesus, not hierarchical, institutional, cultural and social.  It seems the call to religious life today is to recover its prophetic character and give us its traditional institutional work and character.
6. Vat. II based vocation on baptism, which in practice gave the laity the right to ministry, to do what we did for many years.  In fact, lay people have taken over our schools, correctly so, and it will likely be their ministry to continue catholic education and improve it.  The New Orleans Province has been preparing our lay partners for catholic education for more than 30 years now.
7. The theme of our recent Chapter was "A Call to Prophetic Ministry," which to me indicates that we must try to recover our prophetic character.  Like Coindre, our prophetic character must lead us to go in response to urgent and glaring needs, to minister to the unmet needs of the next level of awareness and spirituality.
8. Some aspects of religious life today are: shared prayer, communal spiritual discernment, participation in ministry, a new kind of availability, giving more importance to relationships.
9. Refoundation of religious life seems to be the name of the game today, because the context of foundation no longer exists, that is, the specific urgent need no longer exists, and the prophetic aspect of foundation is no longer there.
     Voila!  I would be happy to continue this conversation if anyone wishes to do so.   Marcel

lundi 13 juin 2011

Éphémérides à Bo-Max - Juin de Rome à Paris il y a 52 ans



Le lundi 1er juin 1959 :  À 5h 50, nous donnons la main au frère Innocencio. Le frère Directeur et le frère Jean-Pierre vont le reconduire au train.

Le jeudi 4 juin 1959 :  À 8h 30, examen d’apologétique. Cinq thèses au choix. La plupart prennent la résurrection.  J’en ai écrit 10 pages!

Le vendredi 5 juin 1959 :  Fête du Sacré-Cœur. Nous nous rendons à la maison généralice pour la messe de 10h 30.  Le père Sidonien  o.s..b.  préside avec le père Brousseau s.j. comme diacre et le père Langevin s.j. comme sous-diacre.  (Avant le concile, évidemment!) . Le chœur exécute assez bien la messe « Te Deum Laudamus » à 2 voix de Pérosi.  Au cours de l’après-midi, j’ai  pu faire un peu de lecture tout en écoutant quelques disques. J’ai aussi joué un peu de piano.  Plusieurs sont allés à St-Pierre pour assister à l’heure sainte présidée par le Saint-Père de 18h à 19h. Après souper, je joue au « 500 » avec  les frères Victorius, Bruno et Charles-Yvon. Les frères Directeur (Maurice Boisvert) et Guy ont l’amabilité de venir nous reconduire.

Le mercredi 10 juin 1959 :  À 3h 30, je suis au Latran pour l’examen de dogme par Don Molari : j’étais un peu erratique et craintif. Un bon morceau de passé!

Le jeudi 11 juin 1959 :  Le frère Provincial (frère Léandre Lavertue) m’autorise à me rendre en France et en Angleterre… Les frères Marc-Henri (Lucien Goulet) et Léo (Léo Martel)  seront les deux prochains grands novices (de la province de Sherbrooke).

Le vendredi 12 juin 1959 :  À 8h 30, examen du théologie pastorale catéchétique du frère Anselmo.  Tout a bien été.  En après-midi, je vais changer les disques ( à St-Louis-des-Français) avec le frère Jean-Pierre.

Le mercredi 17 juin 1959 :  Depuis samedi dernier : étude intense de l’Écriture Sainte.  Ce matin, je me rends au Latran pour l’examen. Je pige une question sur l’A.T. et une sur le N.T. : l’inspiration et le plan du sermon sur la montagne de Matthieu. Tout a  très bien été.

Le samedi 20 juin 1959 :  À 11h 45, je passe l’examen  d’histoire de l’Église : Boèce et Cassiodore; la Réforme de Cluny; les Cathares et les Vaudois : bien, très bien! Enfin en vacances!

Le dimanche 21 juin 1959 :  Grand-messe à St-Anselme avec le frère Raymond. Retour par St-Grégoire-du-Mont-Coelius.  Vêpres à St-Anselme (15 h), seul. Crème glacée et eaux gazeuses à la collation!

Le lundi 22 juin 1959 : Avec les frères Florian et Raymond, je vais visiter les catacombes de Saint-Callixte. Nous nous rendons aussi au cimetière des 300 morts exécutés par les Allemands, les Fosses Ardeatine.(1)  Nous allons ensuite à l’église Saint-Sébastien.

Le mardi 23 juin 1959 :  Nous nous rendons souper à la maison généralice à l’occasion du départ des grands-novices.  Le frère Charles-Émile (Granby) remercie les autorités avec finesse et délicatesse.  Nous nous donnons la main après le prière du soir, puis revenons à la maison. Dix partent ce soir; les autres, demain matin à 7 h.

Le mardi 23 juin 1959 :  Cet avant-midi : ménage et valise… À 17 h, on vient nous chercher avec nos bagages pour la maison généralice. Vive le grand air!

Le jeudi 25 juin 1959 :   Avec les frères Guy et Charles-Yvon, nous allons à la mer, à 15 milles de Rome environ. Soleil cuisant! Quel bon bain nous prenons! Nous dînons à l’ombre des grands pins. Jeux de ballon-panier. Je reçois un ballon sur mes lunettes durant la sieste : rien de brisé, heureusement. Pendant que certains retournent au bain après les jeux, je reste à  l’ombre avec les frères Louis-Omer et Raymond : ce ne fut que sagesse.  Retour à 17h 30 environ. 

Le vendredi 26 juin 1959 :   À 10h, je me rends à l’Americain Express avec les frères Victorius, Marcel et Florian pour l’achat des billets et des chèques de voyageurs. Réservation à la gare.

Le dimanche 28 juin 1959 :  Je prépare mes valises. Plusieurs se rendent à St-Pierre assister aux premières vêpres des saints Pierre et Paul auxquelles assiste le Saint-Père.  Nous soupons à 18 h. À 18h 45, nous partons pour la gare en voiture, avec le frère Guy.  Nous quittons Rome  à 20 h 35. La nuit est chaude. Je ne dors presque pas. Notre compartiment est plein.

Le lundi 29 juin 1959 :  Vers 6h, nous sommes à Milan. Nous passons aux douanes à Domodossola.  En Suisse, nous passons dans un très long tunnel de 12 km.  Quel beau pays que la Suisse! Les montagnes sont splendides, des maisons s’y accrochent en grappe.  Les plaines sont toutes cultivées : vergers, vignes et potagers. Le flanc des montagnes est aussi cultivé.  Nous contournons le lac Léman. Le temps est un peu lourd.

À 12h 30, nous descendons à Genève. J’achète mon billet pour Paris immédiatement.  Nous logeons Mont-Brillant en face de la gare  ( J’ai encore la petite carte-réclame du dit hôtel) Le frère Marcel a une chambre, seul; je loge avec le frère Florian. Belles chambres avec radio, téléphone, eau chaude et eau froide.  Nous dînons dans nos chambres avec les restes du lunch apporté de Rome.  (Que nous étions économes…!)  Nous prenons l’autobus pour l’O.N.U. : quel monument! Nous prenons quelques photos (que je conserve encore).  Nous faisons le reste de notre trajet à pied. Nous longeons le lac, passons au débarcadère du Mont-Blanc et le pont du même nom. Nous admirons l’horloge fleurie au jardon des Anglais, puis nous montons voir la cathédrale St-Pierre (calviniste).  Chapelet à la basilique Notre-Dame. Excellent souper à l’hôtel.

Le mardi 30 juin 1959 :  Je me suis rendu à la messe à Notre-Dame; j’ai même servi deux messes. Nous payons l’hôtel avant dîner afin de ne pas avoir à payer davantage.  Nous dînons à un autre restaurant. Pluie torrentielle!

Le frère Marcel, étant un peu indisposé, prend un tour de ville en car. Avec le frère Florian, nous visitons l’université et sa magnifique exposition; nous  nous rendons près du grand jet d’eau, allons à l’église St-Joseph;  visitons l’église russe aux admirables et riches icônes; examinons le monument du protestantisme à la promenade des Bastions; allons au conservatoire, récitons l’office et le chapelet à l’église Sacré-Cœur, puis rejoignons le frère Marcel à la gare pour un souper au buffet.  Nous allons ensuite au concert des Jeunesses Musicales de Suisse : le concerto en ré mineur pour piano de J.S. de Bach.  Notre train part à 23h 10 pour Paris. Arrivée à Paris à 7h 15.

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(1) Fosses Adreatines - Frère Normandin nous donne à ce sujet l'information suivante:
          La Documentation catholique no 2466 du 17 avril 2011 reproduit le discours du pape Benoît XVI prononcé au Fosses ardéatines lors d'une visite privée, le 27 mars dernier.
335 civiles tués dont 75 juifs.  Voilà pour un petit complément... Bonne journée!